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02 octobre 1937 - Massacre du persil relaté par des écrivains engagés
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- Publié le jeudi 10 octobre 2013 22:09
Depuis 2007, Gens de la Caraïbe rappelle chaque mois d'octobre le massacre de 20.000 paysans haïtiens en République dominicaine sur ordre du président dictateur Rafael Leónidas Trujillo Molina, le 02 octobre 1937, au nom de « l'anti-haïtianisation » du pays, idéologie argumentée et soutenue par quelques intellectuels dominicains de l'époque.
En 2007, l'association a soutenu l'événement Esclaves au paradis de la photographe Céline Anaya Gautier produit par Pour que l'esprit vive en partenariat avec le Collectif 2004 Images qui dénonçait l'exploitation des travailleurs d'origine haïtienne dans les champs de canne dominicains.
En Haiti, le Comité Mémoire 1937 a été lancé en 2007 à l’occasion du 70ème anniversaire du massacre de 1937.
Une fourchette de 15.000 à 20.000 (30.000 selon Wikipédia) évalue le nombre d'Haïtiens ayant succombé à ces attaques surprises à la machette au beau milieu de la période de récolte de café pour n'avoir pas su prononcer correctement «perejil».
Seuls ceux qui se réfugièrent dans les compagnies sucrières, propriétés des Etats-Unis, dans la région de Barahona eurent la vie sauve. Au lendemain de cette tuerie, nul ne fut inquiété. Le seul président des États-Unis demanda au président de Répubique dominicaine de verser une compensation financière au président d'Haïti Sténio Vincent.
Jacques Roumain, écrivain et militant communiste qui dénonça début 1938 la complicité du président haïtien Stenio Vincent et l'horreur perpétrée par Trujillo fut poursuivi par les autorités françaises pour satisfaire la demande des autorités dominicaines. Un des derniers ouvrages paru en 2003 qui revient sur cet événement peu connu Main d'oeuvre haïtienne, capital dominicain de Rénald Clerismé, actuel Ministre des Affaires étrangères en Haïti, développe l'idée de ce massacre utilisé comme instrument dans le processus de construction de l'Etat-nation dominicain.
Massacre ou génocide ? Ce pan de l'histoire reste encore peu connu. Quelques auteurs (Edwige Danticat, Louis-Philippe Dalembert, Suzy Castor) reviennent sur cet événement dans leurs écrits.
> Lire l'extrait de L'autre face de la mer de Louis-Philippe Dalembert qui aborde ce triste épisode. (mis en ligne avec l'aimable autorisation de l'auteur et l'éditeur)
> Lire l'entretien avec Lyonel Trouillot sur les relations dominico-haitiennes, mené en septembre 2007.
> Le comité-mémoire 1937 (CM1937) est un regroupement de citoyens et citoyennes responsables qui s’est donné pour mandat (1) de garder vivante la mémoire des victimes de 1937, (2) de faire connaître et d’analyser l’histoire des relations entre la République d’Haïti et la République dominicaine, afin d’éviter que de tels évènements ne se reproduisent à l’avenir, (3) de faire des propositions constructives pour améliorer les rapports entre les deux pays. Il comptait parmi ses membres fondateurs deux personnalités aujourd’hui décédées, Nicole Grégoire, et Jean-Claude Bajeux.
Le Comité Mémoire 1937 :
Michel Hector, Président
Guy Alexandre
Suzy Castor
Rachelle Doucet
Colette Lespinasse
Lyne Margron
Sabine Manigat
Richard Mathelier
Dominique Mathon
Edwin Paraison
Roger Petit-Frère
Jean-Marie Théodat
A lire aussi
- Le massacre de 1937 et les relations haitiano dominicaines, de Suzy Castor paru à Port-au-Prince, Imprimerie le Natal, 1988.
- La récolte douce des larmes d'Edwige Danticat paru chez Grasset en septembre 1999.
- 1937, nouvelle dans le recueil Krik? Krak! d´Edwidge Danticat.
- Esclaves au paradis de Céline Anaya Gautier, éditions vents d'ailleurs
À ré-écouter - Hispaniola, une île pour deux ! série documentaire radiophonique d'Alexandre Héraud, sur France Culture.
À consulter - Groupe d'appui aux rapatriés et réfugiés, GARR
Photo : rivière Massacre en Haiti, à la frontière d'Haïti et de la République dominicaine.